2006-2017 : dernières évolutions

Le début du 21e siècle a vu la Faculté de droit subir d’importantes transformations sous l’effet de la réforme de Bologne. La réorganisation du programme de candidature en un bachelier de trois ans a considérablement élargi l’éventail de matières juridiques proposées dans la formation. Les corps académique et scientifique s’en sont trouvés renforcés, et le besoin de nouveaux espaces de travail qui en a découlé s’est soldé par la construction d’un 4e étage et d’une deuxième salle académique plus spacieuse par-dessus. La recherche a également su tirer parti de ces changements. Aux côtés du CRID et du Centre Df&Ls qui ont poursuivi leur essor, est venu s’ajouter, en 2003, le Centre « PROJUCIT ». De nouveaux projets de thèse ont germé dans le sillage de leurs travaux. La Faculté n’a pas tardé à récolter le fruit de cette seconde jeunesse. À l’approche de ses 40 ans, en 2006, elle pouvait afficher à son tableau près de 700 étudiants inscrits dans les trois années.

     L’année académique 2006-2007 est ponctuée par les célébrations du 175e anniversaire des Facultés universitaires Notre-Dame de la Paix. La Faculté de droit y contribue par une manifestation scientifique sur le thème des tribunaux et du Code de procédure civile, promulgué 200 ans plus tôt. Le plus important est cependant moins le bicentenaire de ce vénérable code napoléonien que l’introduction des technologies de l’information et de la communication dans la procédure civile et pénale, avec le projet Phenix. Le 8 février 2007, un colloque réunit des spécialistes de la question, universitaires et praticiens du droit, dont le Président de la Cour de cassation. Au même moment, les premiers étudiants de la 3e année de bachelier fêtent le « Half-Time » de leur parcours universitaire. Une nouvelle tradition est née. L’été suivant est à marquer d’une pierre blanche dans l’histoire de la Faculté de droit : le 29 juin, les premiers bacheliers sont proclamés. La réforme de Bologne est désormais accomplie, la mutation a réussi et l’offre de formation de premier cycle s’en trouve consolidée.

     L’année 2008 amène un autre moment phare dans l’histoire de la Faculté : Jacqueline Spineux, principale responsable du secrétariat depuis 1967, prend sa retraite. L’événement est fêté avec enthousiasme lors d’une soirée où ses collègues se succèdent sur les planches avec des imitations, des chansons et même des tours de magie. Quelques mois plus tard, c’est au tour des étudiants de célébrer, à leur façon, le départ de cette icône de la Faculté. Ils lui consacrent en effet le spectacle de la revue, intitulé pour l’occasion « The day after Bobonne », en référence au surnom affectueux que le Père Maon avait donné à Madame Spineux. Plus sérieusement, la période est aussi consacrée à la préparation de la fusion des institutions membres de l’Académie universitaire « Louvain », qui doit être effective à partir de la rentrée 2010.

 

 

     Entretemps, le CRID poursuit son évolution et lance, en 2007, une première formation continuée certifiante en collaboration avec l’ICHEC : InfoSafe. Ce certificat interuniversitaire et pluridisciplinaire (aspects juridiques, technologiques et managériaux) vise à former les conseillers et les responsables en sécurité de l’information d’aujourd’hui et de demain. Par la suite, InfoSafe sera suivi par le certificat interuniversitaire et pluridisciplinaire en protection des données à caractère personnel (DataSafe), également organisé avec l'ICHEC, ainsi que par le certificat interuniversitaire et pluridisciplinaire en management de l’information numérique (DocSafe), coorganisé avec différentes institutions de l'Université de Liège, et qui entend permettre de gérer la chaîne complète de l’information numérique, de sa création à sa préservation sécurisée, en tenant compte de l’évolution des technologies, de la législation et des pratiques de gestion documentaire.

     Des changements plus importants encore se produisent en 2010, année pivot pour le CRID à plusieurs égards. En janvier d’abord, le centre célèbre son trentième anniversaire avec un congrès international bilingue intitulé « An Information Society for All : A Legal Challenge ». Plus de deux cents personnes venues du monde entier y participent. Ensuite, Yves Poullet, directeur du CRID depuis sa création en 1979, quitte cette fonction pour devenir recteur de l’Université de Namur le 1er septembre 2010. C’est Séverine Dusollier qui assure la relève, suivie par Alexandre de Streel à partir de 2014. Enfin, c'est en octobre de la même année qu'aboutit le projet de fusion du CRID avec deux autres entités de recherche de l’université, partenaires de longue date, la CITA (« Centre Interdisciplinaire de Techology Assessment ») et le GRICI (« Groupe de Recherche Interdisciplinaire en Communication et Internet »). Sur cette base, le périmètre des recherches de la nouvelle entité, qui s'appelle désormais "CRIDS – Centre de Recherche Information, Droit et Société", inclut tous les enjeux accompagnant le développement de la société de l'information appréhendables par les sciences humaines au sens large. Comptant quelques 50 membres, le CRIDS est inauguré officiellement le 15 mars 2011 par une conférence au Parlement wallon. Organisé en six unités de recherche, il explore aujourd’hui des thématiques comme le commerce électronique et la protection des consommateurs, l’archivage électronique, l’économie et l’écologie de l’attention, la cybersécurité, la gouvernance électronique, la neutralité de l’Internet, les nouvelles pratiques journalistiques, les blogs et les réseaux sociaux, la propriété intellectuelle (commons, domaine public, logiciels libres, open access), la big data, l’introduction des TIC dans les services publics ou encore la robotisation de la vie et l’intelligence artificielle. Le centre étoffe par ailleurs son activité en matière d’enseignement en contribuant aux Master in Business Analysis & IT Governance (BAGI), Master in CyberSecurity et Master in Transmedia.

 

 

     Dans le sillage de Jacqueline Spineux, plusieurs membres du personnel quittent à leur tour la Faculté au début de la nouvelle décennie. En avril 2012, d’abord, le Père Xavier Dijon accède à l’éméritat. Professeur de droit naturel et de méthodologie juridique, il a également pris en charge le cours de droit social introduit à Namur suite à la réforme de Bologne. Il est aussi et surtout le fondateur du Centre Df&Ls, qu’il a dirigé pendant 20 ans. La même année, en décembre, la Faculté se sépare ensuite d’une autre de ses secrétaires, Christiane Delvigne. L’institution lui doit, notamment, d’avoir constitué sa première bibliothèque avec le Père Maon du temps où elle était encore située rue Ernotte. En 2014, enfin, la Faculté célèbre le double éméritat des professeurs Philippe Thiry et Marie-Luce Delfosse. Tous deux philosophes de formation, ils ont chacun marqué l’institution de leur empreinte : le premier par ses talents de magicien et un sens du spectacle que plusieurs générations d’étudiants ont applaudis sur les bancs des auditoires ; la seconde pour avoir été, entre autres, la première femme à y enseigner au rang d’académique.

 

 

     De nombreux autres événements, festifs et scientifiques, rythment la vie facultaire de cette période. La rentrée académique 2013 s’ouvre ainsi par un grand gala des anciens organisé par l’ADANam sous l’impulsion de sa nouvelle présidente, le professeure Nathalie Colette-Basecqz. Celle-ci introduit par ailleurs les midis de l’ADANam, des conférences d’une heure où des praticiens du droit traitent d’un sujet d’actualité juridique. La même année, en novembre, le master complémentaire en DTIC célèbre ses 20 ans par une conférence intitulée « Web Site Story. Internet et le droit : alliance ou combat ». De nombreux diplômés participent à l’événement, qui leur donne l’occasion de se retrouver et d’échanger autour de thèmes d’actualité liés au droit d’auteur, au commerce électronique, à la vie privée et à la propriété intellectuelle. Ces matières donnent également lieu à de nombreuses défenses de thèses en 2013-2014, preuve que la recherche individuelle est désormais bien ancrée au sein de la Faculté, et qu’elle porte ses fruits. Le dynamisme anime aussi la recherche collective, comme en témoigne la formation, en 2014, du Centre « Vulnérabilités & Sociétés ». Né de la fusion entre Df&Ls et PROJUCIT, ce nouveau centre réunit une vingtaine de chercheurs issus de plusieurs facultés (droit, sciences économiques et de gestion, philosophie et lettres, médecine) afin de garantir l’approche interdisciplinaire essentielle à son domaine d’expertise, à savoir les rapports entre les acteurs de la société civile et les populations en situation de vulnérabilité ou de marginalité au sens large. Ses recherches s’attachent en particulier à comprendre comment les systèmes sociétaux de régulation (le droit inclus) prennent en compte les différentes formes de vulnérabilités qui touchent des individus ou des groupes, de façon ponctuelle ou permanente. Elles gravitent autour de trois thèmes principaux – entreprise, État, familles – et nourrissent par ailleurs de nombreux enseignements, dont un certificat interuniversitaire en gestion des politiques de sécurité urbaine ou encore un certificat en droits de l’enfant.

     Active en interne, la Faculté de droit l’est également en dehors de ses murs. En collaboration avec l’Association des Juristes Namurois (AJN), ses membres participent activement à de nombreuses conférences à destination des professionnels du droit. Chaque année, au printemps, deux activités incontournables s’exportent au Palais de Justice de Namur : le tournoi d’éloquence et le procès simulé en droit international humanitaire. Le premier permet à des étudiants de préparer une plaidoirie sur un sujet de leur choix et de la présenter devant un jury composé de membres de l’AJN et de la Faculté, dont le doyen. Des prix récompensent ensuite les meilleurs orateurs. Organisé par la Croix-Rouge, le second voit plusieurs équipes d’étudiants s’affronter lors de joutes oratoires qui mobilisent leur connaissance et leur maîtrise du droit des conflits armés autour d’un cas pratique fictif inspiré par l’actualité. Les deux étudiants les plus convaincants sont alors sélectionnés par un jury pour représenter la Faculté lors de la grande finale interuniversitaire qui se tient habituellement au Palais de Justice de Bruxelles.

 

 

     Cette profusion d’activités ne fait cependant pas perdre de vue à la Faculté ses fondamentaux. L’enseignement et la formation y demeurent, plus que jamais, au centre des préoccupations. L’année académique 2014-2015 marque d’ailleurs l’entrée en vigueur du décret « Marcourt », qui redéfinit le paysage de l’enseignement supérieur et réaménage la structure des cursus, dont celui de bachelier. La Faculté se montre attentive aux nouvelles dispositions et organise plusieurs séances d’informations à l’intention de ses différents corps. Le contexte est également favorable aux innovations pédagogiques. Les méthodes d’apprentissage se diversifient et se mettent à la page du numérique. Des capsules vidéos sont notamment réalisées pour illustrer certaines matières. Plus fondamentalement, la Faculté entreprend d’élargir son éventail de formations. Attentive à l’évolution des parcours professionnels dans la société, elle s’attelle, en 2015, à l’organisation d’un bachelier à horaire décalé pour répondre aux besoins d’un public désireux de se réorienter ou d’ajouter une seconde corde à son arc. Le pari est osé, mais l’audace est récompensée en septembre 2016 lorsque le directeur du programme, Hervé Jacquemin, peut annoncer fièrement l’inscription de 63 étudiants pour la première année, soit le double de ce qui était escompté. Reprenant les recettes qui ont fait le succès du bachelier de jour tout en les adaptant aux contraintes d’un horaire décalé, le nouveau programme se distingue par son orientation pédagogique innovante, qui rend l’enseignement plus interactif, plus concret et pratique et plus contributif. Près de 50 ans après sa création, la Faculté de droit de Namur prouve ainsi qu’elle n’a rien perdu du dynamisme et de l’esprit d’initiative de ses fondateurs. Le mois de novembre 2016 viendra couronner ce succès par une cérémonie de diplomation des étudiants de 3e année du bachelier de jour. À cette occasion, ils revêtiront même la toge et le mortier, une première dans l’histoire de la Faculté !

 

   

Épilogue : 50 ans de réussite et de convivialité

            En ce mois d’octobre 2017, la Faculté de droit de Namur célèbre incontestablement 50 ans de réussite. Depuis sa création en 1967 jusqu’à l’ouverture récente d’un bachelier à horaire décalé, l’institution a en effet enchainé les succès dans les domaines de l’enseignement, de la pédagogie, de la recherche et, plus concrètement, de l’aide à la société. Née dans les locaux vétustes d’un ancien orphelinat avec pour vocation initiale d’être un lieu de formation avant tout, elle est aujourd’hui un organisme mature où la recherche scientifique de pointe occupe une place à part entière à côté d’un pôle enseignement de plus en plus riche et diversifié.

            Cette réussite ne doit cependant pas nous faire oublier qu’en cet automne 2017, la Faculté célèbre également cinq décennies de convivialité. Des soupers de cours aux cocktails de départ, en passant par la revue et les soirées d’anciens, le sens de la fête habite et anime l’institution depuis ses origines. Plus fondamentalement, l’ouverture, la tolérance, la disponibilité du corps enseignant à l’égard des étudiants et l’attention accueillante aux nouveaux venus ont toujours été au cœur de son système de valeurs. Que cet esprit de convivialité soit resté intact malgré les vicissitudes qui ont profondément transformé le visage de la Faculté en 50 ans est peut-être, en fin de compte, sa plus belle et sa plus grande réussite. 

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